Le sommet de la zone euro qui a eu lieu dans la nuit du 28 au 29 juin constitue un pas important dans la bonne direction. Pour la première fois l'aide européenne va aller directement vers son objet sans passer par l'intermédiaire des États et en renforçant le pouvoir d'une institution commune. C'est exactement dans cette direction qu'est la solution à la crise. De plus cette approche va permettre un découplage plus que pertinent entre la crise bancaire et la crise de la dette souveraine, il était temps d'y penser.
Les marchés ont bien sûr réagi très favorablement, mais attention ce n'est bien entendu en aucun cas la fin de la crise, et rappelons qu'il serait très dangereux de se contenter de la belle musique des déclarations de bonnes intentions.
De quoi s'agit-il plus précisément? On élargit le champ d'utilisation des fonds de stabilité (EFSF, et ESM à venir) en leur permettant d'intervenir directement dans la recapitalisation des banques européennes en difficulté et en leur permettant d'intervenir plus facilement sur le marché secondaire de la dette souveraine des États membres. En contrepartie on veut donner un rôle plus important à la Banque Centrale Européenne en matière de régulation bancaire et de contrôle sur les banques européennes.
Il reste à définir plus précisément ces nouvelles responsabilités en souhaitant qu'elles soient les plus importantes possibles. C'est un premier pas dans la direction de l'Union Bancaire, 13 ans après la création de l'Euro il était là-aussi temps d'y songer. Mais comme la raison en Europe n'est toujours acceptée qu'après avoir usé nombre de faux-semblants, il fallait attendre de souffrir de toutes les limites de la fragmentation actuelle de la réglementation bancaire en Europe et tout simplement des limites des moyens financiers des États face à des crises bancaires de plus en plus onéreuses, avant d'enfin utiliser l'évidence force du levier européen. Gâchis regrettable, et Europe toujours reléguée au strict minimum.Et il faut encore rester attentifs à ce que les défenseurs des souverainetés nationales ne réduisent pas ce chemin de l'union bancaire à un simple artifice de communication.
Je ne parle pas des 120 milliards pour la croissance, c'est évidemment très bien, mais cela avait déjà été décidé auparavant. Et puis je dois avouer que l'on joue un peu trop sur la magie des chiffres là il aurait plus utile d'avouer l'échec complet de l'agenda 2020 et de décider une gouvernance beaucoup plus stricte et efficace pour reprendre sérieusement le chemin des réformes structurelles et des projets européens. Mais bon prenons ces 120 milliards et continuons d'avancer.
J'ai bien noté que nos quatre présidents (Herman van Rompuy, Jose Barroso, Mario Draghi et Jean-Claude Junker) doivent présenter au mois d'octobre leur copie sur l'Union Bancaire, l'Union Budgétaire, l'Union Economique et l'Union Politique. J'espère là-aussi que l'on ne se contente pas de rajouter l'Union Bancaire à des serpents de mer que l'on traîne depuis le début de la crise.
À suivre donc, et bien sûr à contrôler de près.
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