On a remarqué que le nouveau gouvernement rassemblait tant la France du Oui que la France du Non au projet constitutionnel européen de 2005. Et la France du Non n'a pas les moindres des portefeuilles, Affaires Étrangères en la personne de Laurent Fabius, Ministère délégué aux Affaires Européennes pour Bernard Cazeneuve. Personnellement je ne vois pas cela comme une paralysie ou un paradoxe, bien au contraire, cette réunion des deux Frances au moment d'une crise européenne extrêmement profonde est en fait à mes yeux une chance pour sortir de cette crise par le haut.
Tant Laurent Fabius que Bernard Cazeneuve s'étaient (bien trop) vivement opposés à une constitution selon eux trop libérale, pas assez politique, faisant de l'Europe plus un arbitre de la concurrence que l'acteur politique et social qu'ils souhaitaient voir naître. J'avais écouté leurs arguments, les avait trouvés très sévères, leur opportunisme politique m'avait quelque peu dégouté, et surtout, en bon partisan de Jean Monnet, j'avais préféré voter pour l'Europe des petits pas, critiquant certains aspects du projet constitutionnel mais l'avalisant pour utiliser pragmatiquement ses avancées. Dans la longue histoire de la construction européenne un petit tiens vaut mieux que deux tu l'auras...
Il est fort à parier que le débat européen redevienne relativement rapidement institutionnel. Et il faudra effectivement être plus ambitieux qu'en 2005. Mais à vrai dire tâchons d'oublier les rivalités de 2005 pour adresser les vrais problèmes de 2012. Et il n'est pas du tout inopportun de faire participer les partisans d'une Europe politique et sociale au débat actuel. Bien au contraire.
Si on ne veut pas laisser l'Europe en proie aux fascismes de tout bord et si on a quelque respect pour le sort très concrêt de nos concitoyens, on ne pourra sortir de cette crise que par le haut. Par une plus grande solidarité, entre les États et entre les hommes, une solidarité que l'Europe doit organiser. A vrai dire cette crise est une opportunité extraordinaire pour les partisans de la fameuse Europe sociale qui n'a été jusqu'à présent qu'un espèce de mythe sans contours bien définis.
Aujourd'hui il y a un agenda social d'une clarté plus que limpide :il faut absolument amener le chomeur espagnol ou grec en Allemagne, pays où le chomage est si faible qu'on licencie ... dans les agences pour l'emploi. Il faut que l'employé espagnol ou grec puisse quitter son pays d'origine sans quitter son système de protection sociale, sans craindre pour sa retraite. Or aujourd'hui l'Europe sociale est une Europe fragmentée qui freine les mouvements de population et donc exacerbe les inégalités.
Messieurs Fabius, Cazeneuve et autres Montebourg nous avons urgemment besoin d'une Europe sociale intelligente et ambitieuse. On attends donc vos propositions, si possible pas trop démagogiques et pas uniquement idéologiques, mais des proposition utiles et toutes tournées vers le bien public et ses exigences immédiates.
Ce n'est pas la réunion des deux Frances qui est paradoxale, c'est le fait qu'une des nécessités imp/rieuse soulignées par la crise est l'achèvement du Marché Unique, honni par les partisans du Non, et que pour se faire il nous faut construire l'Europe Sociale qu'ils étaient bien seuls à promouvoir...
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