Le 6 mai j'admirais la beauté du Yunnan et je n'ai pas voté. Je n'en suis pas très fier même si cela a d'abord été un choix: je ne pouvais pas voter pour Sarkozy mais l'appréhension du coût de l'éventuelle démagogie hollandaise m'empéchait de voter pour quelqu'un dont je partage néanmoins les idées européennes. Las, la radicalisation scandaleuse de Sarkozy m'a poussé à vouloir voter Hollande. Mais il était trop tard pour faire une procuration, et trouver un Hollandiste déclaré qui aurait pu mettre mon bulletin dans l'urne à Pékin. Heureusement les Français ont été mieux organisés que moi, et je pense que les Européens vont bientôt les en remercier.
Il est donc temps d'essayer une autre politique, de sortir de ce court termisme que d'aucun disent fixés par les marchés mais que je mets plutôt sur le compte de l'incompétence de ses défenseurs. Il est temps de structurer une vraie politique, tout à la fois rigoureuse, juste et ambitieuse. Quelque chose me dit que la crainte de la révolte sociale et du chaos politique va enfin nous pousser vers le bon sens et le courage poltique.
La route est bien entendue particulièrement difficile et semée de très nombreuses embûches, mais je veux commencer pas saluer l'arrivée de François Hollande dans ce contexte. J'ose entendre dans son discours européens les principaux messages qui soutendent ce blog:
- on ne peux pas ratrapper 20 ans de laxisme par six mois d'hyper austérité,
- le retour aux grands équilibres est sacré mais doit être progressif pour ne pas casser la machine et ne pas mettre les hommes à la poubelle,
- le retour aux grands équilibres c'est le retour à Maastricht, pas besoin de nouveaux traités, il faut simplement appliquer ce que l'on a déjà ratifié il y a 20 ans de cela,
- pour cela il faut une Europe forte, donc légitime, donc démocratique
- les grands équilibres ne servent pas à grand chose sans politique de croissance économique basée sur des grands projets d'avenir et sur une compétitivité retrouvée de l'économie européenne. Stratégie de Lisbonne et Agenda 2020 enfin pris au sérieux. Beaucoup de réformes structurelles donc, définies ensemble, pour l'intérêt social commun, et non pas imposés par de bruyants zorros idéologues,
- la sortie de crise ne se fera pas en répétant le scandale du défaut grec, mais en donnant à l'Europe un vrai rôle dans le refinancement des dettes souveraines. Il est grand temps de le faire en Espagne et en Italie. Ceci contre un rôle accru pour l'Europe dans le contrôle de la rigueur des politiques budgétaires et fiscales nationales. Et on revient au premier tiret...
C'est ce que je crois lire dans le discours de Hollande, laissez-moi l'entendre, donnons-nous-lui, donnons-nous, une chance. Aidons-le à nous sortir de ce pétrin dans lequel la bêtise de l'Europe intergouvenementale nous a mise. Et ce n'est pas là le moindre des détails, puisque Hollande a parfaitement compris qu'il faut revenir à une conception beaucoup plus communautaire de l'Europe.
Même si je ne suis pas socialiste je n'avais pas détesté le Mitterrand d'après 1984, un Mitterand économiquement réaliste et un architecte européen admirable. Pourvu que la crise empèche le nouveau pouvoir de se payer le luxe des erreurs des années 1981-1984 et que l'on rentre directement dans le vif du sujet...
Bonne chance à François Hollande !
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